De l’art Roman à la Pépite du patrimoine
© Crédit photo : les distillateurs culturels
Saint Martin de Tours est né en 316 dans l’Empire romain, plus précisément à Savaria, (actuelle Hongrie), et mort à Candes, en Gaule, en 397.
Vers l’âge de dix ans, il veut se convertir au christianisme, car il se sent attiré par le service du Christ. Son père est un tribun militaire de l’Empire romain, c’est-à-dire un officier supérieur chargé de l’administration de l’armée. En tant que fils de magistrat militaire, Martin est destiné à suivre la carrière de son père, et par conséquent voué au culte impérial.
Or, son père est irrité de voir son fils tourné vers une foi nouvelle et décide de forcer Martin à entrer dans l’armée dès l’âge de 15 ans. Le jeune homme possède à l’époque un esclave, mais, selon ses hagiographes, il le traite comme son propre frère. Ce n’est probablement pas un hasard si le nom de Martin signifie « voué à Mars », Mars étant le dieu de la guerre à Rome.
Affecté en Gaule, à Amiens un soir de l’hiver, le légionnaire Martin partage son manteau militaire (la chlamyde faite d’une pièce de laine rectangulaire) avec un déshérité transi de froid. Il tranche son manteau ou tout du moins la doublure de sa pelisse. Chaque soldat pouvait doubler l’intérieur par un tissu ou une fourrure, à ses frais. La nuit suivante, le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de manteau. Il a alors 18 ans. Le reste de son manteau, appelé « cape » sera placé plus tard, à la vénération des fidèles, dans une pièce dont le nom est à l’origine du mot chapelle, c’est-à-dire l’endroit où l’on gardait la « c(h)ape » du saint qui était emportée lors des batailles et portée en bannière
En 371 à Tours, l’évêque en place Lidoire vient de mourir ; les habitants veulent choisir Martin mais celui-ci s’est choisi une autre voie et n’aspire pas à l’épiscopat. Les habitants l’enlèvent donc et le proclament évêque sans son consentement ; Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté divine.
Les autres évêques ne l’aiment guère, car il a un aspect pitoyable dû aux mortifications et aux privations excessives qu’il s’inflige, il porte des vêtements rustiques et grossiers.
Désormais, même s’il est évêque, il ne modifie en rien son train de vie. Il crée un nouvel ermitage à 3 km au nord-est des murs de la ville : c’est l’origine de Marmoutier, accueillant 80 frères avec pour règle la pauvreté, la mortification et la prière. Marmoutier sert de centre de formation pour l’évangélisation et la colonisation spirituelle des campagnes ; c’est pour l’essentiel la première base de propagation du christianisme en Gaule.
Tout ce monde voyage à travers les campagnes à pied, à dos d’âne et par la Loire ; un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux prirent ainsi le nom de l’évêque, les martins-pêcheurs. Martin semble avoir largement sillonné le territoire de la Gaule .
C’est d’ailleurs lors d’un voyage pour se rendre à un synode sur Bordeaux, que Martin s’arrêta à Gensac-la-Pallue. L’église en ce lieu sera ainsi sous le vocable de Saint-Martin, un lien au culte des sources favorisé par le Gouffre à proximité. Martin passera ensuite à Saint Génis de Hiersac où il réalisa un miracle et à Angoulême où il réalisa également un autre miracle.
La place prise par le culte de Martin dans la liturgie et la littérature pieuse est surtout due à l’action de Perpetuus, avec un Indiculus des miracles qu’il a fait versifier par Paulin de Périgueux et de Grégoire de Tours.
On trouve notamment un livre, le Gallus ou Dialogues sur les vertus de Martin, recueil de miracles accomplis par le saint. Cette littérature hagiographique est néanmoins à manier avec précaution : en partie légendaire et archétypale.
L’importance historique de Martin de Tours tient surtout au fait qu’il a créé les premiers monastères en Gaule et qu’il a formé des clercs par la voie monastique.
Ainsi, Tours devient le premier lieu de pèlerinage des Gaules romaines ; le choix de Martin de Tours comme saint patron du royaume des Francs et de la dynastie des Mérovingiens est fait sous Clovis qui en fit un des premiers saints confesseurs, l’ascèse et le service de l’Église étant jugés aussi méritoires que l’effusion de sang des martyrs.
Lorsque Martin de Tours meurt, les personnes qui l’entourent rapportent avoir vu son corps paraître blanc comme neige. Une légende veut que les fleurs se soient mises à éclore en plein novembre, au passage de son corps sur la Loire entre Candes et Tours.
Au Ve siècle, la tradition druidique tend alors à disparaître en Gaule devant la culture gallo-romaine et la religion chrétienne. Le règne de Clovis, premier roi franc baptisé, et sa conversion au christianisme marquent un tournant entre l’antiquité et le haut moyen âge, notamment avec l’apparition des églises paroissiales et de l’art roman.
C’est ainsi qu’au XIIe siècle, vers 1140, l’église de Gensac-La Pallue élève son édifice à l’architecture romane sur trois niveaux, surmontés de quatre clochetons. Les ornements aux inspirations carolingiennes ne cessent de révéler l’histoire à travers les siècles. Sur la façade, une mandorle dans laquelle Saint-Martin est présenté avec sa crosse et enlevé par les anges.
Classée Monument historique depuis 1882, l’église Saint Martin a été nommée Pépite du patrimoine du Grand Cognac en 2023
En savoir plus sur Pépite du patrimoine : https://les-distillateurs-culturels.fr/pepites/gensac-la-pallue-eglise-saint-martin/